L’avis de Jeanne Burgart-Goutal

L’autrice et philosophe Jeanne Burgart Goutal ( Resisters 2021 et Être écoféministe 2020) m’a fait l’honneur de partager son avis sur mon livre « Le maître anarchiste, Itsuo Tsuda. Savoir vivre l’utopie ».

Retrouvez ici son commentaire :

« C’est un livre étonnant, qui révèle des liens inattendus et enthousiasmants. Entre philosophie et pratiques du corps. Entre taoïsme et « radicalisme contestataire ». Entre écoféminisme et aïkido. Entre anarchisme et bains chauds !

Manon Soavi a choisi ici un angle extrêmement original, loin des sentiers battus et débats rebattus, pour aborder des questions brûlantes aujourd’hui. Comment mener une existence sensée dans un monde fou ? Comment se libérer d’un mode de vie moderne dont on ne peut plus ignorer le côté délétère ? Comment incarner en pratique le changement ? Elle ne donne pas de leçon, pas de « y a qu’à faut qu’on », mais raconte, au plus près d’un vécu authentique – le sien, et celui d’Itsuo Tsuda.

Car on découvre ici ce personnage surprenant, écrivain, philosophe anarchiste, maître d’aïkido, modèle d’une vie intensément libre, hors des clous et en même temps généreuse ; et à travers lui, une tranche d’histoire méconnue, tissée de dialogues interculturels passionnés et vivants. Japonais né et élevé en Corée, puis étudiant en France, Itsuo Tsuda se situe d’emblée à la croisée des cultures, dans des entre-deux qui lui permettent de voir l’altérité avec lucidité. A l’instar des Lettres persanes, son point de vue décalé nous révèle en un éclair l’étrangeté (voire l’absurdité) de ce qui d’habitude nous semble aller de soi : notre mode de vie, notre rapport au temps, à la nature, au savoir, au travail, à la santé…

Suivant le fil de pensée de Tsuda, Manon Soavi explique avec une grande clarté des concepts délicats, poétiques et bouleversants, qui chamboulent nos représentations – ki, wu-wei, seitai… A chaque page nous sommes pris à rebrousse-poil, saisis par des idéaux d’une éblouissante radicalité. « Sentir la vie en toute chose », « conduire le corps vers un état d’harmonie », « sentir pour s’autodéterminer », « réveiller l’être entier », « écouter et entrer en résonance », « la révolution du quotidien », ou encore : « Qui s’applique au tao diminue chaque jour et, de diminution en diminution, il arrive au non-agir »…

Or chez Itsuo Tsuda, comme chez Manon Soavi, ces idées ne sont pas des abstractions. Elles s’ancrent et s’appliquent dans les pratiques très concrètes qu’ils transmettent : l’Aïkido, le Katsugen undo (ou « Mouvement régénérateur »), l’autogestion collective d’un dojo à Paris.

C’est ce qui rend ce livre enthousiasmant : loin des théories critiques stériles et déprimantes, Manon Soavi propose avec humilité de puissants outils pratiques, éprouvés dans son quotidien, pour « vivre l’utopie » ici et maintenant. Car comme le dit l’épilogue : « L’utopie n’existe nulle part, sauf là où on est »…»

Jeanne Burgart Goutal

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