J’enseigne depuis plus de dix ans lors de stages en France et en Italie (voir le calendrier) et régulièrement à Paris au dojo Tenshin. Depuis septembre 2023 je propose la première séance d’aïkido réservée aux femmes, en non-mixité choisie, de Paris. Pour découvrir une pratique de soi qui transforme notre réalité et notre rapport au monde, ces séances accueillent des femmes de 16 à 78 ans, débutantes ou non.

Pour les femmes et par les femmes

Si notre corps change, c’est tout notre rapport au monde qui change.

Il ne s’agit pas d’une nouvelle version de l’Aïkido ou d’un Aïkido « au féminin » mais d’une séance en « non mixité choisie » conçue comme une démarche « d’empowerment ».

On le sait, le corps des femmes est porteur de siècles de patriarcat. Des siècles de violence, de rapport objet/sujet et/ou proie/prédateur.

Au tréfonds de nos cellules et de nos inconscients sont inscrits les vestiges de ces traumas, une défiance et une révolte légitime.

Si notre corps change c’est tout notre rapport au monde qui change.

Un dojo à soi

« Un état fécond, et même vital, qui permet la respiration de l’être, son ancrage dans le monde. »

Mona Chollet

Virginia Woolf a dit l’importance pour les femmes d’avoir une chambre à soi. Un dojo à soi c’est un espace-temps pour pratiquer et être soi-même hors du masculin.

Les femmes aspirent à des espaces où être elles-mêmes, des espace-temps où elles puissent :

Créer une situation

Parce que le degré d’oppression ne peut être nié.

D’après les études faites sur le sujet, c’est dès l’enfance que les filles n’apprendront pas à déployer leur corps, à occuper l’espace, à courir, à se battre, à crier, à s’affirmer, contrairement aux garçons qui y seront encouragés.

Ainsi imaginer une « égalité d’accès » c’est nier tout l’arrière-plan sociétal et culturel, qui fait qu’une femme passera beaucoup moins facilement la porte d’un dojo qu’un homme. Face à ce constat j’ai décidé d’agir en créant une situation à l’image de l’« affirmative action » américaine : Stimuler l’accès à cet outil formidable qu’est l’Aïkido avec une situation favorable, non pas parce que les femmes seraient faibles ou seraient l’« autre », mais parce que le degré d’oppression ne peut être nié.

De plus cette séance propose un environnement safe pour une pratique dans le respect des différences et de l’intégrité de chacune.

Aïkido ?

“Pour s’affirmer, il faut se positionner.”

Régis Soavi

L’Aïkido est un art né dans les années 50 au Japon, il n’existe aucune compétition, ni combat mais plutôt une recherche d’harmonie. C’est un art martial qui se pratique dans un esprit de « non-résistance » ce qui ne veut pas dire de ne pas résister mais désigne une attitude, un mode d’action. C’est le contraire de la soumission. Sur les tatamis, il s’agit de sentir l’importance des postures, du mouvement, du rapport à l’espace, au toucher. Mais aussi de retrouver le calme et une respiration profonde. Réactiver nos capacités est un processus qui peut nous rendre puissantes, centrées, sûres de nous, car avant de s’affirmer, il faut se positionner.

Désapprendre

“Redécouvrir les attitudes ignorées, refoulées, qui nous font si peur”

Françoise d’Eaubonne

L’autrice et militante féministe Françoise d’Eaubonne écrivait « Avons-nous suffisamment réfléchi au sens de la formule : se réapproprier son corps ? Dans les milieux féministes, elle est toujours employée dans un sens sexuel […] On n’a pas encore réfléchi sur la nécessité de nous réapproprier l’agressivité, ou plutôt, tout simplement, sa possibilité ; redécouvrir les attitudes ignorées, refoulées, qui nous font si peur, les plus simples positions combatives du corps. » Ou comme le dit si bien Elsa Dorlin « Il ne s’agit pas tant d’apprendre à se battre que de désapprendre à ne pas se battre ».

Il ne s’agit pas tant d’apprendre à se battre, que de désapprendre à ne pas se battre.

Elsa Dorlin

Infos pratiques :

Lundi 19h au Dojo Tenshin, 120 rue des Grands-Champs, 75020 Paris. Métro Maraicher, Nation, Porte de Montreuil.

Séance d’essai gratuite toute l’année. Écrire simple au dojo avec ce formulaire de contact
Ni limite d’âge, ni expérience requise